Que ce soit en termes de cycles biogéochimiques ou encore en termes de ' services écologiques ' (des fonctions écologiques dont bénéficie le genre humain; Hooper et al. 2005), les bactéries règnent en maître absolu. Ces cellules primitives sans noyau ni organelles, telles que les mitochondries, possèdent tout de même la plus diverse étendue de fonctions enzymatiques et biogéochimiques de notre planète. Le nombre d’espèces qui existe actuellement se perd en conjectures. Une analyse récente suggère que l’océan mondial pourrait contenir
plus de 10 000 taxons, la plupart d’entre eux étant extrèmement rares (la "biosphère rare"), alors que le coeur des fonctions des écosystèmes sont réalisées par une petite et variable minorité (Pedr ós-Ali ó C 2006). Mis à part le rôle pathogène de certaines espèces, leur myriade de fonctions inclut le recyclage des nutriments, la décomposition des déchets, la fixation et la transformation de l’azote, la production et l’oxydation du méthane, le tout fournissant une source de carbone et de nutriments aux autres organismes microscopiques
(particulièrement aux protistes) qui sont à la base du réseau alimentaire. Les bactéries constituent également le type cellulaire le plus abondant de la planète. Même notre propre corps contient plus de cellules bactériennes que de cellules humaines. Il a été estimé que le nombre total de bactéries sur Terre soit 5 millions de trillion de trillion (5 x 1030 de cellules; Whitman et al. 1998). Ce n’est pas surprenant que les bactéries sont les agents biologiques primaires qui maintiennent le fonctionnement du monde.
De gauche à droite: Plat de pétri avec des colonies de bactéries pigmentées (de ce site Web);
Micrographie obtenue au microscope en épifluorescence d’un échantillon d’eau traitée avec la teinture fluorescente SYBR Green I et montrant la grande concentration de virus (les plus petits points), de bactéries et de archaea (de ce site Web);
Micrographie obtenue au microscope électronique à balayage d’une bactérie en forme de bâtonnet (de ce site Web);
Structure d’une cellule bactérienne (de ce site Web);
L’on croit généralement que les régions polaires soient un endroit difficile pour les bactéries, avec les faibles températures qui causent de sévères diminutions de leur métabolisme et de leur croissance. Cependant, plusieurs espèces semblent être tolérantes au froid (les psychrotrophes) et d’autres sont même hautement adaptées au froid, et ne croissent que sous de faibles températures (les psychrophiles). Dans les eaux riches en matière organique comme les grandes rivières arctiques et leurs plaines inondables, la production bactérienne de
dioxyde de carbone (CO2) excède son utilisation par la photosynthèse. Ces écosystèmes sont de nettes sources de CO2 vers l’atmosphère. Dans les écosystèmes aquatiques en général, les bactéries sont typiquement présentes à des concentrations avoisinant les 10 millions de cellules par litre d’eau. Les analyses de l’ADN des écosystèmes fournissent un nouvel aperçu de l’énorme diversité de bactéries dans les lacs et les mers, dont la plupart de celles-ci seront portées en culture.
Références:
Hooper D.U. et al. (2005). Effects of biodiversity on ecosystem functioning: A consensus of current knowledge. Ecological Monographs 75: 3-35.